Libertin ou pas libertin ?

Authentique libertin ou sinistre queutard ? Libertin ou partouzeur ?Qu’est ce qui définit le libertinage ?

Si le libertinage est une forme de sexualité ludique, toute sexualité ludique ne s’inscrit  pas dans une démarche libertine.

Par sexualité ludique, j’entends des pratiques qui sortent des standards et de la norme reproductive.

Afin d’éviter toute polémique, nous allons prendre le mot « norme » dans son sens strictement mathématique, c’est-à-dire désignant une courbe de répartition statistique dont le pilier central représente les pratiques les plus fréquentes, tandis que les extrémités représentent les pratiques les moins fréquentes, donc hors norme. Ce ne sont que des maths, rien de plus et on n’en tire aucune conclusion. Et pour apaiser les esprits chagrins toujours prompts à polémiquer, rappelons que sur une gamme de critères désignant tel ou tel aspect physique ou tel ou tel comportement, aucun de nous, au sens mathématique, n’est « normal » !

Ceci étant posé, revenons à nos moutons !

Pratiques et comportements

Parmi ces pratiques, on pourra trouver, par exemple, des activités de couple « hors norme » (jeux BDSM, exhibition, candaulisme, etc … ), le recours fait par des hommes, des femmes ou des couples à une prestation tarifée (prostitution), la sexualité de groupe (du trio à la fameuse partouze !) , la soumission totale et exclusive à un Maître ou une Maitresse et bien d’autres choses encore.

Quand est-on dans une pratique libertine ? et quand ne l’est-on pas ?

Cette question évidemment nous amène à une autre, déjà évoquée : qu’est-ce que le libertinage ?

Le sujet a fait couler beaucoup d’encre et de salive déjà, et le débat ne sera surement pas clos ici. Toutefois, une réflexion menée dans la perspective du projet KA peut avoir du sens.

Les définitions sont nombreuses, certaines pertinentes, d’autres moins. Souvent, elles sont posées par opposition : on sait dire ce qui n’est pas libertin, mais il est plus difficile de dire ce qui l’est !

Parfois, les égos l’emportent. La définition se limite alors à : je suis un authentique libertin, donc ce qui ne me plaît pas, n’est pas du libertinage. Et l’on voit alors déferler les critiques et les querelles sur le comportement de l’un, les maladresses de l’autre, les pratiques de celui-ci, les errements de celui-là … Les jugements succèdent aux critiques, l’ostracisme succède aux jugements et le sectarisme ne tarde pas à pointer le bout de son vilain nez, qui enlaidit le visage de personnes qui se prétendent pourtant authentiquement libertines.

Plutôt qu’une définition, objet rigide et peut être même un peu stérile, essayons de proposer un cadre à ce qu’est le libertinage.

L’exercice est difficile puisque par nature et historiquement le libertinage est associé à la liberté. Forcément, enfermer la liberté dans un cadre, peut paraître un peu contradictoire !

Un peu d’histoire …

Sans nous lancer dans un cours d’histoire, examinons notre passé. Il a souvent des choses à nous apprendre, et nous propose quelques jalons :

A l’époque romaine, libertinus, dont dérive le mot, désigne l’esclave affranchi.

Au « moyen âge » et bien au-delà, on retrouve des fêtes orgiaques, souvent associées à des rituels cultuels

Au dix-huitième siècle, émerge avec les Lumières un courant de pensée matérialiste porté par quelques penseurs et diffusé dans les salons parisiens, selon lequel on peut, on doit, se libérer de la morale et du dogme et rechercher le plaisir en toute forme, et en particulier dans sa dimension sexuelle.

Œuvre d’une caste privilégiée qui s’ennuie et veut se divertir ? Réelle ouverture d’esprit et recherche spirituelle ? peut être un peu des deux ! mais force est de constater qu’un tournant s’opère dans la société . La sexualité ludique, qui a toujours existé, s’arme d’un support intellectuel, philosophique, esthétique et, oserais je même dire, ontologique.

On passe des orgies romaines aux parties fines d’une certaine aristocratie, et même d’une certaine bourgeoisie. Pendant ce temps bien sur, le peuple reste exclu de ces plaisirs et ne fait que baiser, quand il le peut, et avec qui il peut. Bon, il a l’habitude de se faire baiser de toute façon !

Ainsi nait le libertinage, qui se pare donc d’élégance, de raffinement et d’une certaine forme d’élitisme. En ce sens, il n’est pas ouvert à tous …

libertinage aux deux visages

Une branche ancienne, extrême, l’associe à une forme de perversion. Le prétendu libertin s’arroge le droit d’user de l’autre comme d’un objet, utilisable à volonté pour son propre plaisir

Comme tous les extrémismes, cette branche s’éloigne de l’intelligence et de la réflexion. Elle prend prétexte d’intellectualisme et de rang social pour libérer les plus bas instincts.

Ce courant s’illustre par un sinistre marquis, prétendument divin,  qui n’est rien d’autre qu’un malade mental, violeur et pédophile. Ceux qui auront lu ses œuvres sauront de quoi je parle. Ce n’est que monomanies, schémas itératifs, dans une langue finalement assez pauvre pour son siècle. Le style rappelle une autre œuvre, marquée par la pathologie profonde de son auteur, un certain chancelier allemand du siècle dernier.

Une branche plus moderne émerge, qui se maintient dans la lumière de la réflexion. Elle considère l’autre comme un partenaire, et introduit une notion de plaisir partagé.

Il en découle plusieurs notions :

  • le consentement, socle fondamental et élémentaire de la construction libertine,
  • le respect de l’autre, de chacun et de tous,
  • la bienveillance,
  • l’acceptation de l’autre, formule que je préfère infiniment au concept de tolérance. Tolérer en effet, c’est accepter malgré une gêne. Accepter, c’est … accepter ,tout simplement.

Cette branche moderne se démocratise. Les « hautes classes » continuent  à jouer entre elles, loin des senteurs populaires, mais le phénomène se propage à l’ensemble de la société.

Référentiel du libertinage …

Pouvons nous alors accepter ce cadre comme définition du libertinage ?

Le libertin serait ainsi un individu libéré des dogmes et des contraintes, à la recherche de son propre schéma d’épanouissement personnel. Il est respectueux des autres, ouvert aux autres sans pour autant se renier. Il s’inscrit dans une démarche de plaisir partagé, d’exploration des sens et des pratiques. Bienveillant, élégant et raffiné, il ne s’interdit pas d’associer à sa quête une certaine démarche intellectuelle.

Cette définition est un peu idéale, mais c’est ce à quoi doit tendre le libertinage en général et le libertin en particulier. C’est en quelque sorte un référentiel dont il découle naturellement un esprit ludique et festif. Le libertin devient ainsi, comme le dit un organisateur connu de soirées très réussies et très élégantes , « aussi agréable à la verticale qu’à l’horizontale » .

Une démarche … initiatique ?

Les libertins de longue date savent que leur pratique au bout de dix ans n’est pas celle de leurs débuts. Ils ont découvert des affinités, des plaisirs, des relations qu’ils n’auraient pas imaginé embrasser lors de leurs premiers pas.  Ce faisant, ils se sont découverts eux même.

Ils ont appris aussi à voir l’essentiel dans leur relation à l’autre, et notamment en couple. Dépassant le sentiment d’appartenance ou de possession, ils visent à l’épanouissement partagé des individus, qui sublime la relation.

La liberté est ainsi acquise d’être et de faire, sans avoir à se cacher, sans mentir à l’autre ni à soi-même et s’ensuite la possibilité de se réaliser.

Libéré de certaines passions, dogmes et croyances, voilà  » l’homo libertinus  » ! Il a acquis la possibilité d’être et de faire, sans mentir à l’autre ni a lui même. Il agit en conscience et sa seule limite est de ne pas nuire . Sur ce socle de vérité, il peut se réaliser .

Ce n’est finalement pas la pratique qui détermine ce qui est libertin et ce qui ne l’est pas, mais la façon de pratiquer.

Pour en savoir plus, visitez le KA verse : www.projet-ka.fr

3 commentaires

  1. Bonjour mon ami,
    Cela fait des lunes que les plus grands philosophes essaient de définir le libertin …
    Hédoniste ?
    Épicurien?
    Philosophie de Nietzsche?
    et j’en passe…
    Mais a quoi bon cette tentative de conformisme ?
    Car tu as raison c’est la façon de pratiquer qui définie le libertin que l’on est …
    Certains seront hédoniste,d’autres Épicuriens, etc…
    et par le grand Ka…vive la liberté ❤️

  2. merci beaucoup pour ses très beaux écrits 😊 c’est toujours un plaisir pour mes yeux de lire de très beaux textes🙏🥰

  3. Chacun se définit selon ses pratiques…Le libertinage dans le couple provient souvent d’une proposition de l’homme pour certaines pratiques qui évoluent au fil des années. Libre à l’épouse ou la compagne d’accepter le rôle qui lui ait proposé!
    Certaines, comme mon épouse accepte de partager mes propositions de jeux et fantasmes, d’autres mettent des « barrières » ou refusent catégoriquement… Le principal étant que les deux concernés participent au dialogue, exposent leurs désirs et fantasmes et surtout faire abstraction de jalousie…Ce qui n’est pas donné à tout le monde ! J’ai eu la chance que Charnelle me suive dans mes « délires », ce qui je pense, à renforcé nos liens à tout les deux. Je souhaite le même « itinéraire » libertin à ceux qui débutent…

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