SUMMER, il y a plus de 4000 ans, l’hymne d’Inanna révèle des trésors d’érotisme, et suggère même les premières scènes d’amour collectif connues dans l’histoire de l’humanité.
« Ô mon Seigneur aimé, que mon chant éveille ton désir !
Que ta main m’étreigne comme la vigne enlace son tuteur.
Ce soir, dans la chambre nuptiale, enivre-toi de ma douceur,
Et que la nuit soit longue comme un festin d’étoiles. »
« Lorsque tu viens à moi, noble Dumuzi,
Mon lit est paré de lys et de miel.
Mon sein t’attend, ô maître des plaisirs,
Et mon cri résonne jusque dans les cieux. »
« Dumuzi, mon époux, entre dans mon jardin.
Le lit est préparé, parsemé de douce myrrhe.
Sous tes doigts, mon corps frémit comme l’orge au vent,
Et ma plainte de plaisir emplit la nuit d’or. »
« Je veux m’offrir à toi, mon bien-aimé,
Mon corps est vaste comme la plaine de Sumer.
Approche, et que d’autres viennent aussi,
Car l’amour de la déesse est inépuisable. »
Puis viennent les chants et poèmes égyptien du nouvel empire. Nous sommes encore plus de 3000 ans avant notre ère. Là encore, la pluralité semble ne pas être un tabou
« Je suis venue à toi sans robe, parfumée de myrrhe,
Mon cœur est ivre de ton souffle.
Mon désir est de me blottir contre toi,
Plus douce encore que le lotus en fleur. »
« Ma bien-aimée vient vers moi parfumée,
Son corps est un bassin de nard.
Elle entrouvre ses bras comme des rives fertiles,
Où je viens m’abreuver, ivre d’amour. »
« J’ouvre ma maison au souffle du matin,
Je suis nue et je t’appelle, parfumée de lotus.
Viens, étanche ta soif entre mes bras,
Comme l’ibis s’abreuve à la source secrète. »
« Je suis venue à toi, parfumée, vêtue de lin léger,
Ton frère, ton amant, et moi, ta sœur, nous nous mêlons,
Enlacés sous le ciel d’étoiles vivantes. »
A peu près à la même époque, en Inde, l’amour charnel est glorifié
Rig Veda
« Comme la sève dans la fleur monte à l’aube,
Mon âme s’élance vers toi, ardente et légère.
Que la nuit s’ouvre à nous, vaste et féconde,
Sous les yeux complices des étoiles. »
« Tel l’éclair embrassant la montagne,
Que ta chaleur rencontre la mienne.
Que ton rire éclate dans mon sein,
Comme la rivière brise la digue au printemps. »
« Que mon feu s’élève vers ta chair odorante,
Que mon souffle s’unisse au tien.
Telle une rivière au printemps déborde,
Que mon désir déborde sur ta rive. »
600 ans plus tard environ, en chine, Le livre des Odes nous propose un érotisme léger et puissant
« Viens, cueillons ensemble les herbes du rivage,
Effleurons l’eau fraîche de nos mains unies.
Laisse ton rire danser avec le vent,
Comme ton cœur danse dans le mien. »
« Sous le rideau de soie tressée,
Ton ombre se penche sur la mienne.
Tes mains cherchent mon secret caché,
Comme le cerf cherche l’eau vive. »
« Sous le saule aux branches lourdes,
Je t’attends, pieds nus dans la rosée.
Viens frôler ma peau humide,
Comme l’abeille émeut la corolle entrouverte. »
En même temps qu’en Grèce, on parle aussi d’amour et de sexe , lorsque Sapho chante le désir féminin ou que le peuple grave la pierre …
« À travers ton voile léger, je devine la splendeur de ta chair.
Tes yeux sont des étoiles buvant le lait de la nuit,
Et ton rire, léger comme le vent,
Fait trembler mon cœur épris. »
« Quand je te vois, un feu subtil court sous ma peau,
Mes yeux ne voient plus rien, mes oreilles bourdonnent,
Une sueur brûlante m’inonde, tout mon corps frémit,
Je suis plus verte que l’herbe, et je crois mourir. »
Fragment de graffiti de Délos
« Qu’ils soient deux, trois ou quatre,
Que l’un vienne, que l’autre suive,
Tant que le désir gonfle nos membres,
Nulle honte, nul frein à nos jeux. »
Et qu’émerge ce texte sublime et délicieusement évocateur qui sera plus tard intégré à la bible !!
Le Cantique des Cantiques
« Que mon bien-aimé entre dans son jardin,
Qu’il en mange les fruits délicieux. »
« Que ton étreinte me soit comme un parfum répandu ;
Ton nom est un nectar qui coule.
Emmène-moi, courons ensemble !
« Tes deux seins sont comme deux faons,
Jumeaux d’une gazelle,
Qui paissent parmi les lys. »
« Que mes lèvres soient comme du miel distillant,
Mon miel, mon lait sont sous ta langue,
Et le parfum de ton souffle est comme un verger embaumé. »
« Je suis entrée dans mon jardin, ô ma sœur, mon épouse ;
J’ai cueilli ma myrrhe et mes aromates,
J’ai mangé mon rayon de miel, bu mon vin et mon lait. »
« Que ton corps soit comme un palmier,
Et que tes seins en soient les grappes !
J’ai dit : Je monterai au palmier,
J’en saisirai les fruits ! »
« Viens, mon bien-aimé, allons aux champs,
Passons la nuit dans les villages.
Dès le matin, nous irons aux vignes,
Voir si la vigne pousse, si les fleurs s’ouvrent,
Là je te donnerai mon amour. »
Puis la splendeur de Rome poursuit l’œuvre de transmission des cultes des plaisirs, avec parfois plus de … crudité !
En célébrant Priape
Les priapées
« Sous la treille je veille, dur comme le bois d’olivier,
Prêt à saisir la nymphe égarée.
Que ta croupe se courbe vers moi,
Et la vendange sera bonne cette année. »
« Voici mon pieu, dressé sous les feuilles.
Approche-toi, garçon ou fille, peu m’importe :
Je veux enfoncer ce sceptre de chair,
Jusqu’à ce que tu cries mon nom dans les vignes. »
« Sous ce figuier, tu trouveras ma verge tendue.
Si tu veux fuir la morsure de mon désir,
Cours vite, fille légère,
Ou prépare ton cul à l’assaut. »
« Pas de belles paroles : montre ton cul.
Mon pieu n’aime pas les discours,
Mais il adore les trous ouverts et impatients. »
« Toi, moi, elle et lui, ensemble sans pudeur.
Mes mains sur ta croupe, ses lèvres sur ton sein,
Tandis que d’autres encore viennent joindre leurs langues et leurs reins. »
La menace du jardinier divin
Je garde ce petit jardin, et je me tiens là,
phallus raide, pour effrayer les voleurs et les petits garçons.
Si quelqu’un approche, je le viole sur place :
homme ou femme, peu importe — je bande pour tout ce qui passe.
L’avertissement aux voleurs
Celui qui volera une seule tige de mes vignes,
je l’encule jusqu’à ce que son cul crache du sang ;
je le fais pisser par la bouche, et saigner par le nez.
Que Priape te serve de châtiment !
La vengeance brutale
Je suis armé non d’une faucille, mais d’un membre énorme :
je n’ai pas besoin de couper les fruits,
je pénètre profondément ceux qui volent,
et leur enfonce jusqu’à l’âme mon arme vengeresse.
Offre de plaisir… ou de punition
Viens, jolie fille, viens t’asseoir sur moi,
je suis plus doux qu’un lit de roses.
Mais si tu me dédaignes, je t’écraserai sous mes reins,
et te forcerai à m’aimer, même contre ton gré.
Défi lubrique
Que celui qui pense pouvoir braver mon pouvoir,
vienne et goûte mon sceptre !
Je saurai lui montrer que la verge d’un dieu
vaut bien le fer tranchant d’un soldat.
Invitation licencieuse
Femmes, jeunes garçons, tous, approchez !
Ouvrez vos cuisses, offrez vos culs.
Mon rôle est de vous remplir,
car telle est la loi du jardin de Priape.
Sarcasme contre la pudibonderie
Qu’ils détournent les yeux, ces prudents, ces vierges farouches ;
Moi, je bande sans honte, j’invite, je prends.
À quoi sert un dieu si ce n’est à foutre et à jouir ?
Sous la plume de Catulle
« Je vais te baiser la bouche, puis t’enculer,
Parce que tu crois que mes vers sont doux et tendres,
Mais un poète doit être chaste,
Non pas ses vers : eux, ils peuvent être salaces et lubriques. »
« Ma douce Ipsithilla, ma luxure, mon feu,
Si tu m’aimes, tends-moi ton petit ventre moelleux.
Appelle-moi sans tarder, je bande dur.
Nous ferons l’amour neuf fois, si tu ne t’endors pas ! »
Celle de Martial
« Tu parles sans cesse de chasteté,
Mais tu tends ton cul à tout passant.
Tiens ta langue et ouvre tes fesses,
Et l’on croira peut-être à ta vertu. »
« Quand tu dis non, tu veux dire oui.
Tu résistes du bout des lèvres, mais ton cul, lui,
S’ouvre comme une porte battue par le vent. »
« À force de sucer des queues dans les bains,
Tu as perdu ta voix.
Ne t’étonne pas si tu ne peux plus chanter :
Tu fais un meilleur pipeur qu’un orateur. »
« Tu changes de compagne plus vite que ton verre de vin,
Et ton lit n’est jamais rassasié d’aucune seule chair.
À trois, à quatre, tu halètes encore,
Comme un chien cherchant toujours sa chienne. »
Ou celle d’Ovide
« Si elle refuse de s’offrir couchée,
Prends-la debout, contre le mur,
Ou plie ses jambes autour de ta taille.
L’art d’aimer, c’est aussi savoir forcer la pudeur joyeuse. »
« Qu’une main flatte une poitrine,
Pendant qu’une autre cherche plus bas le chemin ;
Qu’aucun plaisir n’appartienne à un seul,
Mais que chacun trouve en chacun son ivresse. »
Mais aussi dans l’expression populaire, retrouvée sur les murs de Pompéi
« Je suis passé par ici, j’ai baisé et joui.
Si tu es chaude, cherche-moi sous la fontaine :
Je bande dès que je vois un beau cul. »
« Felix, Caia et Lucius,
Trois culs pour un seul lit,
Trois langues pour un seul plaisir. »
On trouve encore Pétrone pour ce qui semble être une mémorable partouze
« Chacun, sans attendre, jeta ses mains sur ce qui lui plaisait.
Femmes, garçons, jeunes filles, vieillards lustrés d’huile :
La table renversa ses mets, et les lits furent roulés dans le vin.
Corps mêlés, cris confondus, sexes perdus dans le délice. »
Ou Tatius
« Notre amour devint un festin d’ombres et de corps,
Où je crus voir Leucippé se dédoubler,
Où mes mains ne savaient plus si elles tenaient un seul sein,
Ou deux cœurs brûlants sous le même voile. »
Notre mode de vie, nos convictions morales et philosophiques, notre droit reconnu à rechercher le plaisir ne date pas d’aujourd’hui. C’est une tradition de près de 5000 ans, et sans doute bien davantage que nous perpétuons.
Ne l’oublions pas et ne nous perdons pas dans la médiocrité …
En toute circonstance, restons libertins !