NE PISSEZ PAS sur la plus haute marche de l’escalier pour faire des cascades. (Pierre Louÿs)
Ce que je pouvais m’ennuyer. Je détestais ces vernissages dont le seul intérêt était d’y être vu. Et je devais avouer que pour celui ci, malgré mes efforts, je ne parvenais à en déceler aucun autre. La réelle valeur de l’artiste qui exposait ce soir là n’était, à mes yeux, que le nombre d’abonnés de ses nombreux comptes sur les réseaux sociaux. Ce qu’il proposait était parfaitement vide de sens et sans la moindre originalité. Une énième resucée de ce pop art qui, à mon grand dam, n’avait toujours pas cessé d’être exploité par de pseudo artistes sans imagination. J’aurais pu être ailleurs, participer à quelque chose de nettement plus passionnant. Mais non. Ma présence en ces lieux était une figure imposée par la sangsue qui s’était pompeusement qualifiée mon agent. Il fallait, m’avait-il dit, que je sois plus visible et pour cela il fallait que je me montre dans ce genre d’événement. J’avais eu beau me récrier, protester que c’était à mille lieues de mes aspirations, je m’étais retrouvé en sa compagnie, les poches pleines de cartes de visite, à me livrer à un jeu de putasserie qui me faisais horreur. Ce qui rendait la chose encore plus pénible était que le public de ce vernissage était à l’image de l’impétrant. Des gens aussi imbus de leur personne que dénués d’intérêt. Et être contraint de faire des courbettes, de faussement m’émerveiller de ce que je voyais ce soir, commençait à devenir au dessus de mes forces. Je m’organise donc vers le buffet, bien décidé à me saouler la gueule afin que la pilule soit moins amère mais sans cesse on me présentait à une nouvelle “personnalité” un nouvel “influenceur” dont je n’avais que faire. Ça ne faisait qu’une demi-heure que j’étais là. C’était déjà trop.
J’en étais donc à poursuivre mon errance au milieu de cette assistance que j’exécrais mais qui,hélas, m’était paraît-il nécessaire. Et je rythmais mes pas d’intérieures lamentations quand mon regard fut attiré par le passage d’une femme. Ce n’était pas qu’elle se distinguait par une plastique hors du commun, non. C’était justement le naturel de mon inconnue qui la faisait sortir du lot. Au milieu de cette masse de créatures chirurgicalement améliorées, elle semblait être la personne la plus vivante qui fût. Et j’aimais beaucoup le regard désabusé voire méprisant qu’elle portait sur notre environnement. Il me sembla vital, tant pour l’un que pour l’autre, que nous nous rapprochions. Au pire je pourrais déverser une partie du fiel qui me rongeait. Je m’arrangeai donc pour fausser compagnie à mon encombrant agent, prétextant une soif inextinguible. Il maugréa que j’avais mieux à faire que de m’enfiler des verres mais mon regard implorant finit par le convaincre. Je fendis donc la foule en direction du buffet afin de récupérer deux flûtes. Je ne tenais pas à aborder cette mystérieuse femme sans la contenance que me donnerait la présence en mes mains d’un verre à lui offrir. Ce ne fut pas sans mal mais je finis par obtenir mes consommations et pris aussitôt la direction de mon inconnue.
— Bonjour. Un verre ?
— Le champagne est aussi surfait que le reste de l’événement mais pourquoi pas ? J’ai la gorge sèche et, faute de grives…
Elle était donc aussi naturelle dans ses propos que dans son attitude. Je l’aimai aussitôt. Nous entamâmes la discussion. Je fus enchanté de voir qu’elle détestait au moins autant que moi ce vernissage. N’en était-elle plus déjà à sa première coupe ? Elle avait le regard un peu flou. Mais pas absent, non. Au contraire. Et son raisonnement était des plus acérés. J’appris ainsi que ce qui avait sorti notre hôte de l’anonymat n’était pas son talent artistique mais plutôt celui qu’il avait dans la compromission. Il avait traîné très tôt dans les milieux libertins et, plutôt que du plaisir, avait découvert comment manier certains leviers afin de faire avancer ses intérêts. Certains pères la morale venaient en effet s’y compromettre et, plutôt que d’être révélés au grand jour, avaient préféré céder à ses prières. Elle me désigna du menton un grand homme au costume sombre et à la mine autoritaire. Tout transpirait de lui le capitaine d’industrie.
— Vous le voyez, lui ? Un de ses principaux mécènes. Qui croirait, à le voir, que Monsieur aime passer ses soirées en laisse, vêtu en tout et pour tout d’un porte-jarretelles et un énorme plug dans le fondement ? Quand il ne joue pas les tables basses ou les toilettes pour dames. Si ça se savait le CAC40 serait éclaboussé par une shitstorm dont je vous laisse imaginer l’ampleur.
Puis me désignant une de ces dames sanglée dans une robe de soirée impeccable et coiffée d’un chignon dont l’élaboration avait dû prendre des heures à une armée de petites mains.
— Et elle ? Directrice de la fondation qui l’a révélé au grand jour. Quand elle ne participe pas à ce genre de pince-fesses, elle fait défoncer les siennes par des groupes d’hommes sélectionnés sur des chantiers. On prétend qu’elle n’aime rien tant que quand deux messieurs se rejoignent dans son trou. Quand ce ne sont pas les avant-bras de divers maîtres et maîtresses au cours de soirée où l’assistance est triée sur le volet. Elle fait cul serré pour qui ne la connaît pas mais en réalité elle est plutôt béante. Et monsieur son mari fait des vidéos très intéressantes de ses exploits.
Enfin, me désignant une working girl en tailleur jupe strict, au chemisier sans le moindre faux pli.
— Dir’ com’ de l’agence qui gère ses intérêts. Vous n’arrivez pas à lui donner un âge ? Elle a un secret de beauté. Tous les soirs elle va au sauna, recueillir sur son visage le foutre de tous les hommes de bonne volonté s’y trouvant. Et ils ne manquent pas, je vous l’assure.
J’étais éberlué. Elle le remarqua et ajouta
— Et je pourrais vous en dire autant pour la plupart des personnes de l’assistance. Il tient tout ce joli monde par les couilles. Quand la légende dit qu’il s’est fait à la force du poignet, ce qu’elle tait c’est comment. En branlant bites et chattes, voilà la réalité. Et en faisant chanter celles et ceux à qui il donnait du plaisir la veille. Je hais ce type.
J’étais surpris qu’elle sache tout cela, tant sur lui que sur sa cour. La question sur ses sources me brûlait les lèvres. C’est alors que je vis l’Artiste s’avancer vers nous, un grand sourire aux lèvres. Il déposa un baiser sur sa joue.
— Ma chérie, tu ne me présentes pas ? Mais qui est cette personne ? On ne se connait pas ? Si ?
Elle me lança un air catastrophé
— Ce charmant jeune homme gravite dans le monde de l’art également. Photographe je crois. Il ne t’intéressera pas, il n’est personne encore.
— Je vous laisse, le Préfet me demande. Prends donc sa carte, on ne sait jamais.
Et il tourna les talons.
— Navrée pour l’insulte sur votre notoriété, je ne voudrais en aucun cas que vous tombiez entre ses griffes. Je vous aime bien, vous n’êtes pas de ce monde.
C’était donc sa femme, sa compagne, que sais-je. Bref, celle qui partageait sa vie. Je ne savais que lui dire.
— Vous devez vous poser la question de ce que je fais avec lui. Comment j’arrive à le supporter alors que je vous en parle ainsi ? Figurez-vous que moi aussi il me tient sous sa coupe. Il n’y a pas si longtemps je vendais mon cul à qui le voulait bien contre quelques doses. À lui notamment. Et figurez-vous qu’il s’est pris d’affection pour moi. Ou plutôt pour ma production. À ses yeux mon urine a un goût inimitable, probablement dû aux cocktails de dope que je continue à m’enfiler. Car monsieur raffole de me boire, c’est ainsi. Il ne jouit plus que comme ça, quand je lui pisse dessus. Alors il m’a sortie de mon caniveau. Et me maintient accro mais avec des drogues de meilleure qualité qu’avant, histoire que je ne crève pas trop vite. Et je crois que je ne l’en déteste que plus. Je hais mon rôle de pute de luxe.
Je devais arborer un air particulièrement dépité car elle me lança un drôle de sourire et me prit par la main, m’amenant à nouveau vers le buffet.
— Mais j’ai droit à quelques contreparties quand-même, vous savez ? J’ai le droit de picorer dans sa cour quand bon me semble. Et si ça peut lui amener du grain à moudre… Venez, nous allons commencer par bien nous saouler, puis nous nous comporterons mal. Enfin, si vous acceptez de courir le risque d’une exposition en ma compagnie.
Je l’assurai de mon accord en accentuant la pression de ma main sur la sienne. Elle déposa un baiser d’oiseau dans mon cou.
— Nous allons bien nous amuser je pense. Il me semble déceler une certaine aptitude à la dépravation sous votre flegme apparent.
Pour toute réponse je passai l’ongle de mon pouce le long de sa colonne vertébrale tant que me le permettait le dos nu de sa robe. C’est à dire quasiment jusqu’à sa raie. Elle se cambra. Je cédai à l’invitation et glissai ma main sous le léger tissu, indifférent au monde qui nous entourait. Elle accentua sa posture, ne me laissant pas d’alternative au fait de glisser mon majeur entre ses fesses. Un contact étrange soudain. J’approchai mes lèvres de son oreille.
— Ainsi donc vous êtes “garnie” ? C’est intéressant.
— Toujours dans ce genre de situation. Etre remplie à l’insu de toutes et toutes me plaît. Et, s’ils s’en doutent, c’est encore mieux. Voulez-vous voir ?
Et, sans que j’aie pu formuler la moindre réponse, elle se dégagea de mon emprise, s’éloigna un peu de moi et, au milieu de tout le monde, retroussa sa robe juste assez pour que je voie le rouge du Swarovski qui ornait son Rosebud. Puis, tout aussi prestement, elle se rajusta et revins vers moi. J’étais partagé entre le regret de ne pas avoir eu la présence d’esprit d’immortaliser la scène avec mon smartphone et la surprise que la pierre fût si imposante. Je lui fit part de ces deux réflexions. Je me sentais en confiance avec elle. Cette sensation de tout pouvoir lui dire, lui faire alors qu’il y a moins d’une heure je la connaissais à peine. Elle rit.
— Il y aura d’autres occasions de faire des photos. Et pas que. Enfin, j’espère. Vous suivrez ? Je suis lasse de ces voyeurs sans idées auxquels je suis usuellement confrontée.
— Où vous voulez, quand vous voulez . Je ferai tout ce que vous me demanderez, dussè-je porter un masque.
— À la bonne heure ! Quant à votre deuxième question, j’ai en moi le modèle XXL. Son poids et son volume sont un délice pour qui le porte. Et puis… Mais vous le verrez assez tôt vu que vous m’avez l’air parfaitement décidé aux suites que j’imagine.
J’avais hâte de ces suites. Mais où ? Comment ? Elle dut voir mon air dubitatif car elle me prit par la main et m’entraîna vers le fond de la salle. Et c’est là que je les vis. Tout d’abord la volée de marche puis, à son extrémité, la mezzanine qui surplombait une partie des cadres. J’eus une brève hésitation. Je n’étais pas coutumier des ébats publics et là, c’était plus ou moins ce que ma nouvelle amie me proposait. Elle me toisa, une lueur de défi dans les yeux
— De quoi avez-vous peur ? Ces crétins sont tellement confits dans leur suffisance qu’ils ne remarqueront rien, dussiez-vous me faire hurler, ce que j’espère.
Cela aurait pu me bloquer. Au contraire. Mes sens furent fouettés un peu plus et c’est moi qui l’entraînai vers notre alcôve. Elle était plongée dans une semi-pénombre que je trouvais propice au genre d’intimité que nous étions sur le point d’avoir. Car, à peine arrivés, Madame me plaqua contre un mur et darda sa langue dans ma bouche, sa main droite me massant l’entrejambe. Je ne tardai pas à avoir une solide érection alors que je faisais jaillir ses seins de l’étoffe pour les prendre à pleines mains. Elle avait d’autres projets car elle me repoussa soudain et, avant que je n’aie pu protester, s’agenouilla devant moi, défit ma braguette et m’engloutit. Je faillis crier tant sa bouche était douce et experte. Elle alternait délicieusement mouvements de lèvres et de langue pour mon plus grand plaisir. Trop ? Je n’allais pas tarder à céder sous ses caresses et je ne le voulais pas. Elle non plus visiblement car elle finit par m’abandonner. Puis elle se tourna, plaquant ses mains au mur dans une pose exagérément cambrée, obscène.
— Tu es à point maintenant. Viens !
Je ne voulus pas la pénétrer immédiatement. Il me fallait la goûter avant. J’approchai donc ma bouche de son sexe et pris ses lèvres entre les miennes. De mes deux mains j’écartai ses fesses pour mieux apprécier ma dégustation. Le cristal du plug, là, juste sous mes yeux ajouta à mon excitation et je me mis littéralement à la dévorer mélangeant ma salive à sa cyprine. Elle ondulait sur ses hauts talons et gémissait. Elle était prête. Je me relevai et présentai ma queue tendue à l’orée de sa chatte dans laquelle je m’enfonçai d’une poussée rectiligne et autoritaire. Elle ne put étouffer un petit cri. J’étais maintenant en elle jusqu’à la garde. Je fis une pause. Puis je me mis à aller et venir. Doucement d’abord. Je voulais prendre mon temps. Elle semblait plus pressée tant elle faisait venir son cul à ma rencontre. Je la pris par les hanches afin de lui imprimer mon rythme. Je comprenais à présent ce qu’elle voulait dire quant aux vertus de ce qu’elle avait entre les fesses. Son volume déformait ses muqueuses et faisait une délicieuse pression sur mon sexe. Je me pris à imaginer les sensations que pouvait procurer cette double pénétration à ma partenaire. Cela fit monter mon excitation d’un cran et j’accélérai mes mouvements. Je la labourais maintenant, mêlant mes grognements à ses cris. Je devinais le brouhaha en bas mais, obsédé par le plaisir que j’étais en train de donner et de prendre, je me moquais éperdument du fait que si je pouvais les entendre cela pouvait être réciproque. Ça ne faisait même qu’exacerber mes sens. J’allais jouir. Je le lui dis. Elle contracta un peu plus ses muscles internes et je me répandis en elle. Nous criâmes. Puis, elle se dégagea doucement, mon foutre dégoulinant de ses grandes lèvres. Je me rajustai. Pas elle.
— Vous permettez ? Je suis tout échauffée là et il faut toujours que je me soulage dans ces cas-là. Et ce sera toujours ça que Monsieur Connard n’aura pas.
Toujours cette franchise, si naturelle, si séduisante et qui m’avait agréablement distrait lors de cette soirée si guindée. Ne sachant que trop bien où elle voulait en venir je descendis quelques marches devant elle, mon smartphone dégainé, paré à toute éventualité. Elle s’accroupit. Alors jaillit d’entre ses jambes un puissant jet doré que je vis s’écouler en cascade. Il ne semblait plus vouloir s’arrêter et, débordant de l’escalier, commençait à ruisseler sur les œuvres en contrebas. Je me mis à shooter comme un fou. À l’insu de la masse des gens qui assistaient au vernissage, je tenais un happening qui faisait une belle conclusion à une soirée bien mal engagée. J’eus soudain envie de la boire. Hélas la source était tarie. Elle se releva et se refit sommairement une contenance.
— Je dois reprendre le cours de ma vie. Vous aussi. Adieu. C’était bien.
Elle me croisa sans ajouter un mot et disparut. Compte tenu de sa situation, mes clichés de sa source dorée, qui auraient pu être la consécration de ma carrière de photographe, devraient à jamais demeurer dans ma collection privée. Dommage. Il était temps à présent de rentrer. La fête était finie.
Superbe comme toujours ! Tout aussi Surprenant qu’excitant !