Sous la voute du fouet

Entre ce qui a été, ce qui sera et ce qui est hors du temps

Les deux femmes se font face. Vêtues seulement d’une paire de bas noirs, chaussées de cuissardes pour l’une et d’une paire d’escarpins à plateforme pour l’autre, elles s’abandonnent à la douce morsure des serpents de cuir qui tissent autour d’elles un cocon d’émotions indicibles. Entre la douleur et le plaisir, entre le rire et les larmes, elles se laissent aller sur ce chemin de jouissance. Au-delà des fantasmes et des envies, elles découvrent une réalité orgasmique transcendante.

Ventre contre ventre, seins contre seins, cou contre cou, la tête posée sur l’épaule sororale ,leurs boucles brunes se mêlent et elles sentent leurs corps vibrer sous la roue incessante de cette langue qui les pique à un rythme de plus en plus rapide, frôlant leur peau avec une précision d’horloger, pas assez pour l’ouvrir, mais suffisamment pour entretenir cet état quasi hypnotique. Leur univers s’est refermé sur le bruit du fouet qui pénètre l’air autour d’elle, comme s’il les pénétrait elles même avec force, douceur, puissance et plénitude.  

Elles frémissent. Elles soupirent, geignent, évitant et recherchant à la fois le contact de leur peau avec ce bourdon qui virevolte, offrant l’une sa croupe, l’autre ses épaules à leur divin bourreau, qui tourne et s’applique autour d’elles à comprendre leur langage inconscient.  Puis l’une crie, d’un son rauque qui ne laisse pas place au doute, elle jouit  de cette sensation étrange qui a fait de son dos et de ses fesses une extension érogène de son clitoris. Sa compagne de supplice la suit et elles s’abandonnent l’une contre l’autre, l’une à l’autre.

Le galbe délicieux de leurs jambes s’est effondré. Abandonnées à cette sublime douleur, elles n’ont plus la force de tenir debout . Elles se laissent pendre à bout de bras, les bracelets de cuir qui maintiennent leurs mains attachées à la suspente portent seuls leur corps .

On les détache, on leur enlève le masque de satin qui recouvrait leurs yeux, on les allonge sur un canapé et elles restent là, épuisées et heureuses, à peine conscientes, enfermées encore dans cet univers mystique , sous cette voute de volupté que le fouet avait construit pour elles.

Elles se reposent, enlacées, apaisées.

L’homme au gilet de cuir baisse la lumière et s’assure de leur confort avant de nettoyer puis d’enrouler la lanière de feu qui fait de lui le maître de leur plaisir.

Il prépare un flacon d’onguents anciens qu’il va appliquer sur leur peau afin d’apaiser la brûlure, lorsqu’il entend des murmures et de légers soupirs.

Les deux femmes, unies pas ce partage rare, s’embrassent, se caressent comme si elles voulaient se fondre l’une en l’autre et s’apprêtent sur ce canapé à partager d’autres plaisirs et d’autres mystères, connues d’elles seules, mais auxquels il aura peut être l’honneur d’être d’œuvrer si toutefois elles l’y invitent.

En attendant il s’assied discrètement sur un fauteuil, tandis que l’autre homme, discret spectateur et compagnon de l’une des deux initiées, contemple la scène, merveilleuse suite à l’intense premier acte de cette soirée, qui, c’est certain, restera gravé dans les annales du ka.

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